Le séminaire “Sens écologique(s)” se réunit un mercredi par mois de 16h à 18h, en ligne et dans les locaux de Sciences Po au 1, place Saint-Thomas 75 007 Paris (métro rue du Bac (12) ou Saint-Germain-des-Prés (4)).
Le séminaire est ouvert, une simple inscription par courriel suffit pour y assister, en écrivant aux animateur.ices de la séance.
Prochaines dates
La saison est finie, à l’année prochaine (ou d’ici-là, dans les couloirs du congrès de l’AFS !)
Saison 2024-2025
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Mercredi 21 mai. Syndicalisme et écologie. Nils Hammerli (IRISSO). “Autonomie, dépendance ou concurrence ? Logiques de structuration des positionnements syndicaux sur la « transition énergétique » à l’échelle d’une raffinerie pétrolière“
S’appuyant sur une enquête ethnographique portant la reconversion de la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) en une « plateforme zéro pétrole » par Total amorcée en septembre 2020, il s’agira d’analyser la structuration des prises de position vis-à-vis de l’écologisation de cette reconversion dans le champ syndical local. Cette reconversion a entrainé une grève des raffineurs entre le 4 janvier et le 11 février 2021, au cours de laquelle trois des quatre syndicats du site (CFDT, CGT et FO) ont constitué une intersyndicale afin de s’opposer au plan de sauvegarde de l’emploi qui accompagne la transition du site au vu des suppressions d’emplois qu’il comporte. Pour autant, derrière cette union apparente sur l’emploi, les positionnements de ces syndicats divergent quant au verdissement de la reconversion par Total. Les mécanismes de construction des attitudes syndicales à l’égard de la « transition énergétique » à l’échelle d’un même site industriel, qui est un espace de concurrence syndical, seront interrogés. Les organisations syndicales élaborent-elles systématiquement leurs positions vis-à-vis de la « transition énergétique » les unes par rapport aux autres ? Est-ce que l’intersection avec d’autres sphères, comme le champ politique et l’espace des mouvements sociaux, avec lesquels le champ syndical est souvent en interaction, participe-t-elle à structurer les positions syndicales locales en matière d’environnement ? Y a-t-il des propriétés sociales spécifiques chez les militants syndicaux qui incitent spécifiquement
à se saisir des questions environnementales et à en proposer un cadrage particulier ?
- Jeudi 24 avril 2025. Elena Alvarez Blanes (Universidad de Burgos). “Accounting for Nature: how nature is integrated in accounting tools” Dans la gouvernance environnementale, les efforts pour intégrer la nature dans des outils comptables reflètent une double volonté : protéger la nature et créer un langage commun. Ces démarches soulèvent des enjeux complexes, mêlant consensus scientifique, diversité des perspectives sociales et tensions politiques. Cette recherche explore ces dynamiques en examinant comment différents acteurs tentent de concevoir des métriques pour intégrer la nature dans les outils comptables. En s’inspirant de la réflexion de Latour (1999 : 24) sur la question « how to pack the world into words ? », cette thèse s’articule autour d’une interrogation centrale : comment mettre la nature dans des outils comptables ? La comptabilité est pensée comme un outil puissant pour structurer la réalité à travers les inscriptions (Robson, 1992), impliquant ainsi une reconnaissance mutuelle des parties prenantes et une négociation entre elles. Nous assistons à l’émergence de ce que certains appellent un « blossoming market » proposant des solutions, encore peu régulées, avec des risques de greenwashing. S’ajoutent à cela des concurrences entre régulateurs, des changements politiques, et un rôle croissant des acteurs privés (Kedward et al., 2023). Certaines organisations privées, conscientes de ces enjeux, cherchent à « internaliser les externalités » car la nature ne doit plus être perçue comme un « cadeau gratuit » (Fraser & Jaeggi, 2018).
- Lundi 24 mars 2025. Diana K. Davis et James Housefield (UC Davis) pour une présentation croisée “Décoloniser les paysages de San Francisco : plantations, musées et changements climatiques“.
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Diana K. Davis : Excavating the Colonial Present of San Francisco’s Landscapes and Decolonizing Climate Adaptation
Shortly after the Gold Rush, mid-nineteenth century San Francisco was a landscape comprised predominantly of sand dunes. Approximately 14 square miles of the city was composed of sand dunes that stretched from the Pacific coast to what is now the financial district on the Bay. Buildings, homes and streets eventually covered most of this sand, transforming it into the beautiful city we know today. The North West portion of San Francisco, from the Presidio to the neighborhoods south of Golden Gate Park, however, became the focus of intense environmental change with massive afforestation and other planting. During the last quarter of the 19th century and the first quarter of the 20th, large areas of mobile sand dunes were transformed into urban forests and parks, obliterating the native dune vegetation, and the viability of Indigenous livelihoods based on native vegetation and ecology. The story of this transformation forms the focus of this paper which will elucidate the European, colonial, and other environmental imaginaries, as well as imported technologies, which inspired much of this massive transformation. Taking an historical political ecology approach, the paper further outlines many of the problematic aspects of this transformation, analyzes the contemporary problems caused by this planting mania, and considers the implications of climate change and rising sea levels for this iconic peninsular city.
James Housefield : Experiencing Nature in San Francisco’s First Museums and Pleasure Gardens
Museums and significant exhibitions began to appear in San Francisco during the Gold Rush of 1848-1855, a time of settler colonialism and reshaping of the landscape. This study analyzes ecological attitudes and knowledge represented by these public spaces of display and considers their relation to the transformation of the San Francisco dune into a Europeanized landscape dotted with parks and pleasure gardens. Because of San Francisco’s role as the major port leading to the Gold Rush, the city saw an enormous influx of people and money that began a cycle of economic boom-and-bust that continue to the present day. Four institutions were among the most influential exhibition spaces of nineteenth-century SF: the Mechanics’ Institute; the California Academy of Sciences; Woodward’s Gardens; and the Sutro Baths. Each of these promoted an understanding of the natural world from local and global perspectives. Each incorporated a building program that, in the case of the last two examples, encompassed large-scale landscaping in the style of European pleasure gardens. Each played a role in defining what I call an “exhibitionary culture” for Northern California, while satisfying audiences’ desires for innovative experiences encompassing education and entertainment. Painting, scientific collections, taxidermy, and afforestation converged in the making of a city whose history and attraction would continue long after the early impact of the Gold Rush.
- Mercredi 5 février 2025. Solène Sarnowski (CSI) “Evaluer ce qu’il faut faire pour l’écologie”.
Comment les personnes envisagent-elles écologiquement leurs propres pratiques et ce qu’il faut faire ? Cette présentation sera l’occasion de mettre en discussion un chapitre de la thèse consacré à la manière dont la préoccupation écologique exprimée par une quarantaine d’enquêtés, à travers des entretiens et des carnets de bord, nourrit une inquiétude autour de leurs impacts et différentes manières de les évaluer. Très diplômées, majoritairement urbaines, aisées et plutôt des femmes, ces personnes sont souvent renvoyées à une écologie des petits gestes, bourgeoise et sans réel impact face aux dégâts environnementaux. Afin de prendre au sérieux leurs efforts, je propose d’ouvrir la catégorie « écologie » pour l’analyser comme un qualificatif, dans une perspective inspirée de la théorie de la valuation de John Dewey. Je mets ainsi en évidence deux modes d’évaluation — l’un centré sur l’appréhension des ordres de grandeur, l’autre sur l’exploration des ramifications des choses et des situations — à partir desquels ces personnes tentent de prendre prise sur des pratiques pour naviguer vers des modes de vie plus écologiques. Je souligne également l’ambivalence de ce processus long, toujours ouvert aux allers-retours d’une évaluation sans cesse relancée sur le fil du travail réflexif de ces individus, ainsi que la requalification de la perception qu’implique ce processus. Le travail d’évaluation développé par ces personnes apparaît alors comme autant de manières de se faire voir des impacts sans cesse à exhumer.
- Mercredi 15 janvier 2025. Rémi Guillem (CSO-CRESPPA Labtop). “Les participations des fondations philanthropiques à la gouvernance urbaine : l’exemple de Paris et Detroit“.
Comment la philanthropie se saisit de la question écologique dans les milieux urbains ? A partir d’une enquête sur les modalités de participation philanthropiques à la gouvernance urbaine, cette présentation vise à rendre compte des formes d’engagement promus et mis en œuvre par des fondations caritatives dans deux contextes urbains radicalement différents, Détroit et Paris. L’enquête fait apparaître que les frontières entre les catégories d’écologie et d’environnement sont particulièrement poreuses pour les acteurs philanthropiques : le soutien à des projets labellisés comme écologiques recouvre une pluralité d’activités liées à l’amélioration des conditions matérielles et symbolique d’existence des bénéficiaires tels que la réhabilitation du bâti dégradé, l’animation de la vie locale ou la promotion de l’alimentation saine et durable. Ce résultat invite à s’interroger sur les différents sens que donnent les philanthropes et leurs représentants à « l’environnementalisme urbain » (Paddeu, 2017), mais aussi au rôle que jouent des acteurs publics (ici municipaux) dans la promotion ou la mise à l’écart de certains cadrages de la question environnementale.
- Mercredi 18 décembre 2024. Lise Cornilleau (UVSQ). “Aussi stable que l’or, avec des rendements… et du carbone. Le ‘tournant environnemental’ de la financiarisation des terres agricoles”.
Si la montée des investissements financiers dans les terres agricoles a bien été étudiée aux États-Unis, c’est moins le cas en Union Européenne. A partir d’une enquête menée à l’échelle française et de manière exploratoire à l’échelle européenne, ma présentation vise à caractériser la transformation des dynamiques d’investissement dans les terres agricoles dans ces espaces. Je développerai notamment l’idée d’un tournant “écologique” de la financiarisation des terres, marqué par la valorisation des usages environnementaux des terres (stockage de carbone, réserve de biodiversité, etc.). Je décrirai les dispositifs métrologiques et juridiques qui rendent possible cette évolution, et je présenterai symétriquement les résistances à l’articulation croissante du marché foncier et du marché de la compensation écologique.
- Mercredi 20 novembre 2024. Nelo Magalhães (CRH, EHESS). “Économie circulaire : une pratique écologique ? Le cas des grandes infrastructures en France (1945-2020)”
Cette présentation soutient un argument historique. Au contraire du récit qui prétend que l’économie circulaire gagne à être déployée en améliorant les techniques, les filières, ou la commercialisation, celle-ci constitue la norme pour les grandes masses de déchets en France depuis 1945. Nous montrons, à partir de travaux de grandes infrastructures de transport, que leur valorisation est non seulement ancienne, mais aussi locale, massive quantitativement, intéressante économiquement, astucieuse qualitativement, prise en charge par de puissants acteurs, et qu’elle atteint son apogée… avant l’institutionnalisation du « problème des déchets » dans les années 1970. En arrière-plan, c’est tout le cadrage technique de l’environnement que nous interrogeons.
- Mercredi 16 octobre 2024. Lisa Claussmann (Université Paris Cité – Mines Paris). “Descendre à la mine stocker des déchets. La reconversion professionnelle d’anciens mineurs de potasse en travailleurs des déchets à Stocamine”
Cet article propose d’analyser la reconversion professionnelle de certains mineurs de potasse en travailleurs des déchets. Il met en avant les recompositions de l’espace de travail et de l’identité professionnelle qui débouchent sur la création d’un site d’enfouissement de déchets industriels dangereux sous une ancienne mine de potasse. Comme d’autres travailleurs des déchets, les mineurs reconvertis usent de stratégies plus ou moins organisées pour mettre à distance les déchets et construire leur légitimité professionnelle. C’est ainsi qu’ils ne cessent de se présenter comme des travailleurs « du fond », à la frontière entre la mine et le site de stockage. La mise à distance des déchets repose également par une technologisation des objets manipulés. Ces derniers deviennent les représentants d’un double progrès technique et environnemental qui passe par un conditionnement épuré des déchets et une référence récurrente au « code-barre », agissant comme un véritable proxy de leur dangerosité.
Saison 2023-2024
- Mercredi 27 septembre 2023. Ecologisation des pratiques productives (1). Jeanne Oui (Irisso, Paris-Dauphine). “De nouveaux “passe-droits” aux réglementations environnementales : outils numériques et transition écologique des pratiques agricoles”.
- Mercredi 18 octobre 2023. Ecologisation des pratiques de consommation (1). Maud Hetzel (Centre Georg Simmel, EHESS) . “Réformer son mode de vie, lutter contre le capitalisme ? Des appropriations hétérogènes de l’impératif écologique“.
- Mercredi 22 novembre 2023. Ecologisation des pratiques productives (2). Doris Buu-Sao (Université de Barcelone/Université de Lille). “Mining hopes in Andalusian wastelands: Promises and materiality of greened extraction“.
- Mercredi 24 janvier 2024. Ecologisation des pratiques de consommation (2). Mallory Zhan (Université de Genève, CSO). “Elite and Sustainable? Community Initiative for Sustainable Consumption among the Urban Rich in China.”
- Mercredi 14 février 2024. Ecologisation des pratiques de consommation (3). Manisha Anantharaman (CSO, Sciences Po). “From Infrastructural Labor to Entrepreneurial Environmentalisms”
- Mercredi 20 mars 2024. Ecologisation des pratiques de consommation (4). Coralie Robert (LAVUE – Eco CO2). “Entre Contradictions et Résilience : Une Exploration des Politiques de Sobriété Énergétique chez les Plus Précaires“
- Mercredi 17 avril 2024. Ecologisation des pratiques productives (3). Léo Magnin (LISIS, CNRS). “La vie sociale des haies. Enquête sur l’écologisation des mœurs“
- Mercredi 15 mai 2024. Ecologisation des pratiques de consommation (5). Fanny Hugues (CEMS, EHESS). “Faire des économies, faire de l’écologie ? Les écologies morales des modestes économes face à l’écologie dominante“